Le Leadership Moderne au Maroc : Leçons de Mohamed Berrada
Mohamed Berrada - 3 octobre 2024
Dans un marché du travail en pleine évolution, le leadership est devenu une compétence cruciale pour les entreprises marocaines, grandes ou petites. Mais qu’est-ce qui fait un bon leader ? Comment le leadership s’applique-t-il dans le contexte marocain ? Mohamed Berrada, expert en leadership et consultant, partage avec nous ses réflexions sur ce sujet fondamental.
1. Comprendre le Leadership dans le Contexte Marocain
Mohamed Berrada souligne que, dans le passé, beaucoup de dirigeants marocains étaient réticents à l'idée de recevoir de l’aide pour améliorer leurs compétences en leadership. Cependant, il a découvert que le leadership est une véritable science, qui peut s'apprendre et se perfectionner avec les bonnes méthodes.
« Un dirigeant pense souvent qu'il peut tout faire parce qu'il a de l'expérience en recrutement, mais il recrute toujours de la même manière. Il attribue ses échecs à l'environnement ou à l'absence des bons talents, sans jamais remettre en question son propre leadership. »
Il insiste sur l’importance d’accompagner les dirigeants dans la prise de conscience de leurs propres biais :
« J’aurais tellement voulu découvrir ce concept il y a 15 ou 17 ans quand j’ai commencé ma carrière. Cela m’aurait épargné des années d’erreurs. »
2. L'Évolution des Mentalités Managériales
Mohamed Berrada a observé une nette évolution des mentalités managériales au Maroc sur les dix dernières années. Selon lui, les dirigeants sont désormais plus conscients de l'importance du leadership.
« Quand j’ai commencé, je rencontrais souvent des regards surpris lorsque je parlais de leadership. Aujourd'hui, ce terme est bien plus accepté et fait partie du vocabulaire managérial. »
Cependant, il souligne que les réactions restent variées :
« On voit des dirigeants qui trouvent ça trop cher, ou qui pensent que leurs managers n'ont pas besoin de formation. D'autres, par contre, sont ouverts et comprennent que le développement du leadership est un levier pour améliorer les performances. »
3. L’Entrée des Jeunes Coachs en Leadership
Un phénomène que Mohamed Berrada a remarqué ces dernières années est l'arrivée de jeunes coachs en leadership, parfois à peine âgés de 23 ou 24 ans. Si cela peut paraître surprenant, il est persuadé que l’âge ne doit pas être un obstacle à la légitimité d’un coach.
« Je ne veux pas dire qu'il faut avoir des cheveux blancs pour être légitime en matière de coaching. On peut être très bon à 20 ans à écouter, reformuler, et poser des questions pertinentes. »
Cependant, il met en garde :
« Ce n'est pas l’âge qui compte, mais la capacité à guider les autres à travers un processus et à les aider à trouver leurs propres solutions. Le coaching ne consiste pas à imposer son expertise, mais à permettre aux autres de se développer. »
4. L’Intention : Clé du Leadership
Mohamed Berrada met également l'accent sur l'importance des intentions derrière les actions d’un leader. Pour lui, le leadership n’est pas simplement une question de techniques ou de stratégies, mais aussi d’éthique.
« Le leadership, c’est comme une arme. Il peut être utilisé pour inspirer ou pour manipuler, selon l’intention du leader. »
5. Le Leadership Contagieux : Créer des Leaders Autour de Soi
Pour Mohamed Berrada, un bon leader ne doit pas seulement se concentrer sur son propre développement, mais aussi sur la création de nouveaux leaders dans son entourage. Il appelle cela le « leadership contagieux ».
« Si vous êtes un bon leader, cela doit se refléter dans votre équipe. Que font vos collaborateurs quand vous n’êtes pas là ? Est-ce qu’ils sont capables de prendre des initiatives ? C’est là que se mesure réellement l'efficacité de votre leadership. »
Il souligne que le rôle du leader est de préparer son équipe à être autonome et à prendre des décisions même en son absence :
« Le leadership, c’est prendre ses responsabilités, agir et donner envie aux autres de vous suivre. »
6. Leadership et Recrutement : Un Enjeu au Maroc
Le leadership joue également un rôle crucial dans le recrutement. Selon lui, beaucoup de dirigeants marocains commettent l’erreur de recruter sans remettre en question leur méthode.
« Beaucoup continuent de recruter de la même manière qu'ils l'ont toujours fait, puis attribuent leurs échecs à l'absence des bons talents. Le leadership, c'est aussi savoir remettre en question sa propre approche et accepter de l'aide. »
Il encourage les entreprises marocaines à revoir leurs processus de recrutement pour y intégrer des pratiques de leadership modernes, basées sur les soft skills et l’évolution des mentalités.
Conclusion
Mohamed Berrada nous rappelle que le leadership n’est pas réservé à une élite ou à une poignée de grandes entreprises. C’est une compétence qui peut être apprise, développée, et partagée à travers des actions concrètes et des intentions nobles.
Le Maroc est en pleine transformation, et les dirigeants qui sauront adopter des approches de leadership plus flexibles et éthiques verront leur entreprise prospérer dans ce nouveau contexte.